

L'atelier municipal de passementerie
Mme Letourneau, une vie sur le métier
Madame Letourneau, née Henriette Dunoyer, est née en 1912 dans
l'atelier, et est décédée en 2005.
C’est son père Jean-Claude Dunoyer, venu de sa Saône et Loire
natale, qui s’installe à la Croix-Rousse passant de rues en rues
et d'ateliers en ateliers pour compléter sa formation de
passementier... Il s'installe le 24 décembre 1909 rue Richan, avec
des métiers de passementerie fabriqués dans les années 1880 et qui
sont par la suite pourvus de moteurs électriques.
Peu après sa naissance, Henriette perd ses deux frères victimes - comme tant d’autres - de la guerre de 1914. Elle devra dès 1925 renoncer à la carrière d’institutrice et travailler auprès de ses parents; cela durera 54 ans, avec des journées de douze heures, debout, à s’affairer autour de ses deux métiers.
Devenue Madame Létourneau, elle rachète l’atelier de la Rue Richan et bénéficie un peu de l’aide de son mari, en retraite à partir de 1975. Elle remporte en 1976 le concours de Meilleur Ouvrier de France avec la Médaille d’Or.
Elle travaillait pour des maisons de soierie lyonnaises (en particulier la maison Duviard) et leur fournissait des ornements d’église ou des galons militaires vendus dans le monde entier (des deux côtés du rideau de fer!), mais les marchés se réduisent et quand, en 1978, Madame Létourneau prend sa retraite, on ne compte plus que 5 passementiers à la Croix-Rousse (au lieu de 1500 en 1928).
Elle a tout fait pour préserver son atelier de la destruction en 1993, et mené à bien les démarches pour l’ouvrir au public avec l’aide de la municipalité. Ce sont les origines de la création de l’association Soierie Vivante.
La passementerie : le tissage de galons
La passementerie tient son nom de l'ancien terme de "passements", qui désignait des pièces étroites utilisées pour l'ornementation des vêtements ou du mobilier (broderies, cordonnets), allant jusqu'à 30 centimètres de large.
Les métiers de passementerie dits "à la zurichoise" peuvent reproduire, sur une même structure, plusieurs petites largeurs. La production est importante et rapide, elles sont l’objet d’un véritable commerce. En ce qui concerne cet atelier, les débouchés étaient très vastes (deux-tiers de la production était destinée à l'exportation) dans trois domaines principaux: les galons militaires, les ornements religieux et l'ameublement.
Sur les métiers présentés dans l'atelier du 21 rue Richan, on tisse côte à côte jusqu'à 18 pièces de tissus étroits.
On part pour chacune d'une chaîne guidée de l'arrière vers l'avant du métier par un jeu de bobines, poulies et peignes, et d'une trame transversale déposée par une ou plusieurs navettes contenant une canette chargée de fil et animée d'un mouvement de va-et-vient.
Le croisement des fils et le dessin réalisé sont commandés par une série de cartons perforés, lus par la mécanique Jacquard, qui est placée au-dessus du métier à tisser. Le carton, réalisé d'après le dessin original, est perforé, ce qui permet par un jeu d'aiguilles et de crochets, de lever une partie des fils de chaîne pour ouvrir un passage au fil de trame. On peut ainsi faire varier la largeur et les coloris des tissus.
La richesse des tissus est fonction des fils utilisés, souvent des
filés d'or et d'argent préparés par l'atelier de guimperie, qui
était voisin au 21 rue Richan.

