Technique de tissage


Bistanclac-Pan ! Vous voilà au coeur de la technique des métiers à tisser. Retrouvez ici toutes les informations à connaître sur la mécanique et les tissages

La technique du tissage

La réalisation d'un tissu, s'effectue par l'entrecroisement de fils : des fils de chaîne longitudinaux, tendus d'avant en arrière du métier et qui constituent l'ossature du tissu, et un fil de trame transversal, distribué par une canette, que transporte une navette lancée d'un bord à l'autre du métier. 

Le mode d'entrecroisement des fils s'appelle l'armure, dont les trois fondamentales sont l'armure taffetas (la plus simple: on sépare les fils pairs des fils impairs pour ouvrir un passage à la navette), l'armure sergé, et l'armure satin.

Le métier à bras

Sur ce métier, le tisseur dispose d'une marche, qui lorsqu'elle est enfoncée par le pied, soulève une partie des fils de chaîne (les fils pairs, par exemple) par l'intermédiaire des lisses (cadres soulevant les fils), par l'intermédiaire d'une mécanique Jacquard.

Entre les 2 nappes de fils de chaîne ainsi séparées, s'est ouvert un passage, le pas ou la foule, dans lequel le tisseur lance manuellement la navette avec le "bouton" relié à des cordelettes. Ensuite, il tire à lui un battant de bois muni d'un peigne, qui vient tasser le fil de trame qu'il vient d'insérer contre le précédent et assure la cohésion du tissage.

L'ensemble des mouvements du tisseur est repérable dans la célèbre formule du Bistanclac ou Bistanclac-Pan :

  • BIS : le pied soulève les fils
  • TAN-CLAC : la navette fait son aller (ou son retour)
  • PAN : le battant frappe le tissage.

Chaque fil de la chaîne est passé dans un œillet (parfois appelé « cafard »), relié à une maille solidaire d'une arcade verticale attachée à un crochet de la mécanique.

Chaque crochet est solidaire d'une aiguille chargée de lire le carton qui vient se placer devant elle :

  • si l'aiguille est placée devant le trou du carton, elle avance et le crochet est soulevé par un couteau, entraînant le soulèvement du fil de chaîne correspondant.
  • si l'aiguille bute sur un plein du carton, le crochet reste en place et ne soulève pas de fil.
    Une nouvelle avancée du carton animé d'un mouvement rotatif se produit jusqu'à la fin de la réalisation du motif et tout s'enchaîne automatiquement dans un mouvement sans fin. Il faut environ trente de ces "coups" pour réaliser 1 centimètre de tissu et l'on arrive à frapper jusqu'à 100 coups par minute, soit une production d'environ 5 mètres de tissu simple par jour.

La mécanique Jacquard

La mécanique Jacquard, du nom du célèbre inventeur lyonnais (1801 pour l'origine), résout le problème par un jeu de crochets, qui soutiennent les fils de chaîne par l’intermédiaire de plusieurs milliers de cordes (d’arcades); ne sont soulevés que les fils soutenus par les crochets qui traversent les perforations d’un carton perforé déroulant, qui a été préparé en tenant compte des motifs et des couleurs du tissu...


Le tissage "caméléon"

Le tissu dit caméléon est un taffetas animé par des reflets changeants, car le tissage met en jeu 3 couleurs : 1 pour la chaîne et 2 pour les trames; la navette comporte 2 canettes, qui déposent 2 fils strictement parallèles. Ceci requiert du tisseur une grande fiabilité et une grande précision... Ce métier est dépourvu de tout mécanisme.

Le tissage façonné

Le tissage façonné (Damas de Lyon, Lampas, etc.) est plus complexe et repose, pour les métiers que nous présentons, sur l'utilisation d'une mécanique Jacquard, qui surmonte le métier (qui atteint au moins 4 mètres de hauteur). Il a donc fallu réaliser à partir du dessin à reproduire un carton perforé, qui commande le soulèvement des fils de chaîne par l'intermédiaire de la mécanique. Chaque fil de la chaîne est passé dans un œillet ou cafard, relié à une maille solidaire d'une arcade verticale attachée à un crochet de la mécanique.

La majorité des métiers que nous vous présentons, y compris ceux de l'atelier de passementerie, sont de ce type.

La passementerie

Il s’agit de fabriquer des pièces étroites (rubans, galons,...). On associe (en ligne) une douzaine de mini-métiers (avec chaîne, trame, navette et carton) fonctionnant tous en même temps. La richesse des matériaux employés (fils gainés d’or ou d’argent) ajoute à la qualité du produit. On imagine quelle vigilance doit manifester le passementier qui produit en même temps 16, 32, ou 48 galons, s’il a 1, 2 ou 3 métiers, comme c’était le cas à l'atelier de passementerie. L’équipement électrique rapporté sur d’anciens métiers à bras rend le travail moins pénible, mais impose une surveillance accrue.